samedi 24 octobre 2009

Dom Juan : Il n'y a plus de honte maintenant à cela : l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d'homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui, et la profession d'hypocrite a de merveilleux avantages. C'est un art de qui l'imposture est toujours respectée ; et quoi qu'on la découvre, on n'ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l'hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d'une impunité souveraine. On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un se les jette tous sur les bras * ; et ceux que l'on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres ; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers et appuient aveuglément les signes de leurs actions.


Molière, Don Juan

mercredi 21 octobre 2009

Psychologie de bazar

Un truc énervant s'il en est, c'est la généralisation de la psychologie de bazar. Et cette généralisation passe, enfin s'exprime à travers ds lieux communs écoeurants. "Souffrance", mal être. La moindre lectrice de Elle peut te dire "tu sais, je ressens ton mal être". Ah ben c'est super, merci.
Ah je déteste cette facilité.

dimanche 4 octobre 2009

Et, en effet, puisqu'on doit discourir des choses et non pas des mots, et que la plupart des contrariétés viennent de ne se pas entendre et d'envelopper dans un même mot des choses opposées, il ne faut qu'ôter le voile de l'équivoque, et regarder ce qu'est la comédie en soi, pour voir si elle est condamnable. On connaîtra sans doute que, n'étant autre chose qu'un poème ingénieux, qui, par des leçons agréables, reprend les défauts des hommes, on ne saurait la censurer sans injustice; et, si nous voulons ouir là-dessus le témoignage de l'antiquité, elle nous dira que ses plus célèbres philosophes ont donné des louanges à la comédie, eux qui faisaient profession d'une sagesse si austère, et qui criaient sans cesse après les vices de leur siècle; elle nous fera voir qu'Aristote a consacré des veilles au théâtre, et s'est donné le soin de réduire en préceptes l'art de faire des comédies; elle nous apprendra que de ses plus grands hommes, et des premiers en dignité, ont fait gloire d'en composer eux-mêmes, qu'il y en a eu d'autres qui n'ont pas dédaigné de réciter en public celles qu'ils avaient composées, que la Grèce a fait pour cet art éclater son estime par les prix glorieux et par les superbes théâtres dont elle a voulu l'honorer, et que, dans Rome enfin, ce même art a reçu aussi des honneurs extraordinaires: je ne dis pas dans Rome débauchée, et sous la licence des empereurs, mais dans Rome disciplinée, sous la sagesse des consuls, et dans le temps de la vigueur de la vertu romaine.

jeudi 1 octobre 2009

"La rue arabe n'existe pas, mais la rue de l'islam, la rue de Dieu, existe "
Mohamed Kacimi, né en Algérie, pose un regard sans illusions sur le monde arabe et l'islam. Sur ces sociétés «profondément communautaires, tribales» où «la notion d'individu n'existe pas». Où l'intellectuel est constamment écarté, tant la soumission au texte religieux et le mépris de l'esprit y sont grands.
Interview par Jean-Luc ALLOUCHE QUOTIDIEN : Samedi 7 octobre 2006 - 06:00
* Caricaturons : quand on l'oublie, le monde arabo-musulman s'arrange pour faire parler de lui... Il suffit de citer les caricatures danoises, Benoît XVI, l'opéra Idoménée , Robert Redeker. Au fond, qu'a-t-il à reprocher à l'Occident ?
* Ce contentieux entre l'Occident et l'islam va au-delà des conflits de la colonisation, des croisades... Même les croisades, dont on a pu penser qu'elles ont constitué une rencontre, demeurent de l'ordre de la confrontation stérile : «Au fond, tout ça ne nous a rapporté que la culture de l'abricot...» pour citer Jean-Pierre Le Goff. C'est une généalogie de malentendus comme s'il n'y avait jamais eu d'espace de rencontres entre deux cultures, il faut le dire, souvent antagoniques. Ainsi de l'islam considéré, aujourd'hui, comme une religion austère, dans la négation du plaisir, alors que, dès le XVIIIe siècle, de Pierre Bayle à Voltaire, il est perçu comme une religion paillarde, charnelle, et du plaisir... Aujourd'hui, on ne peut nier que le monde arabo-musulman soit un monde malade. Malade des échecs de la décolonisation, des expériences socialistes avortées, de l'avènement de l'économie de libre marché souvent sauvage, avec les dénationalisations et privatisations instaurées de l'Algérie au Yémen. Un monde qui, en trente, quarante ans, a essayé plusieurs portes de sortie et qui échoue devant chacune d'entre elles. Et quand tout échoue ici-bas, l'eschatologie devient pour beaucoup l'unique ressource. A cela s'ajoute, bien sûr, depuis la première guerre du Golfe en passant par l'invasion de l'Irak et la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël, les effets désastreux de la politique américaine. Du coup et par réaction, les Arabes se posent comme victimes innocentes de tous les malheurs qui affectent leurs sociétés, de la sécheresse au sida, tout est la faute de l'autre, l'Occident, l'Amérique ou Israël.
* Ils seraient donc par essence victimes ? D'où la récurrence des motifs «notre honneur», «notre dignité ». Comme si l'humiliation était la catégorie contemporaine de l'Arabe par opposition à ce qu'il a été comme guerrier.
* Comme dit Jacques Berque, dans une belle phrase : «L'Arabe n'attend qu'une seule chose de l'avenir, c'est qu'il lui restitue son passé.» Or l'Arabe reste responsable de l'image que lui renvoie l'Occident, image d'un monde arriéré, d'Etats dictatoriaux, de pays sans liberté de pensée ou d'expression. L'homme arabe se sent humilié, violé dans son ego par cette image, qui n'est certes pas celle de Grenade, de Cordoue ou de Damas : le drame est là, entre l'Arabe tel qu'il se rêve et tel qu'il est aujourd'hui.
* D'où, peut-être, le recours incessant au héros du jour, comme Nasrallah, chef du Hezbollah, (avec un nom plus que symbolique : «Victoire de Dieu»), parce qu'il en a remontré à la puissance du moment, Israël.
* Nasrallah fascine surtout à cause d'une grande maîtrise du verbe. Est Arabe, nous disent les dictionnaires arabes du IXe au XIVe siècle celui qui maîtrise la langue arabe et y excelle, fût-il d'origine étrangère et est étranger quiconque n'excelle pas dans cette langue, fût-il d'origine arabe. Le droit de la langue a précédé, en quelque sorte, le droit du sol et du sang chez les Arabes. On retrouve, dans le Coran, ce rapport obsessionnel à la langue. Alors que la Thora est dans le souci du sol, du geste quotidien, les évangiles dans la narration de la geste de Jésus, le coran est un livre clos sur lui-même qui n'a pas de relation au réel, à l'Histoire : c'est la langue qui parle de la langue... Le livre sacré fonctionne de bout en bout comme jouissance du verbe. Cette fascination pour la langue se porte aujourd'hui sur Nasrallah, qui, sur le plan de l'éloquence et du verbe, est remarquable.
* «Nous sommes victimes de notre amour pour notre propre langue» , affirmait un intellectuel arabe.
* Il y a en effet dans le langage coranique, dans la langue arabe, quelque chose de l'ordre de l'écran avec la réalité. L'islam fonctionne parce qu'il épargne à l'homme arabe le contact avec le monde réel. Il y a aussi l'immuabilité de cette langue. Aujourd'hui encore, les enfants apprennent par coeur les poèmes préislamiques du VIe siècle, et le dictionnaire qui fait référence reste le Lissane al Arabe («la langue des Arabes») qui remonte au XIVe siècle. C'est dire.
* Mais il y a eu des réformateurs dans l'islam. Pourquoi leur discours est-il désormais recouvert par le prêche et le slogan ?
* Sans évoquer les réformateurs du début du XXe siècle, le monde arabe a connu, dans les années 60, des mouvements de gauche aussi bien au Maghreb qu'au Proche-Orient : ils ont été pratiquement laminés par les pouvoirs en place. En Egypte, entre les communistes et les Frères musulmans, un Nasser ou un Sadate ont choisi les plus «proches», les Frères musulmans, et ils ont ainsi cassé toute pensée libre, tout mouvement social, toute laïcité. On le voit même en Tunisie, où le pouvoir fait de jour en jour des concessions aux islamistes. Le mot «laïcité» n'existe pas en arabe. Laïc signifie en arabe «athée» ou «opposé à la religion» ­ c'est une pensée impossible en islam actuellement. Laïc signifie également devenir comme l'Autre, c'est-à-dire l'Occident, l'antithèse même. Certains nous ressortent l'Andalousie, Maïmonide, Averroès... Mais ce petit arbre cache la misère et la faillite de la philosophie dans le monde arabe. Alors même qu'à partir du IXe siècle la première tentative des néoplatoniciens, les mutazilites, de concilier Islam et raison, est brisée et que se met en place la Charia avec ses quatre écoles juridiques (hanafite, malékite, chafiïte et hanbalite) qui vont verrouiller à jamais l'islam et réduire à néant toute tentative de spéculation ou de réflexion. La Charia, c'est le mimétisme aveugle, le respect de la lettre et le mépris de l'esprit. J'ai toujours pensé que l'intégrisme est une forme d'analphabétisme.
* Mais c'est un pouvoir politique qui met en place cette coupure...
* Et qui a partie liée avec les religieux. Au IXe siècle, la mise en place de la Charia scelle la mort de la philosophie mais marque aussi la naissance du soufisme qui deviendra l'ultime espace de transgression, de révolte et, souvent, de dérision du religieux.
* Est-il impossible qu'un esprit libre existe dans les sociétés arabes ?
* Ces sociétés sont profondément communautaires, tribales, et l'espace d'expression de l'individu n'y existe pas. La notion d'individu même n'existe pas encore dans ces sociétés, où seul le «nous» compte. J'irais plus loin : la notion de doute n'y est pas de mise. Je pense à Renan qui, au-delà de ses excès, disait, et je cite de mémoire, qu'est-ce qu'un musulman, c'est quelqu'un qui ne doute jamais. Un esprit libre suppose un esprit critique, et ces sociétés ébranlées en tout n'attendent pas des esprits qui les remettent en question, mais des esprits qui les confortent dans leurs convictions.
* De héros en héros, l'un chassant l'autre, quand les Arabes cesseront-ils de chercher le père mythique ?
* Je ne sais pas. Il y a un concept qui me fait rire, celui de «rue arabe», pur fantasme occidental. Parce que les Arabes, les musulmans campent dans un autre territoire, celui de l'au-delà. Quand Beyrouth est sous les bombes israéliennes, les manifestants sont à Tel-Aviv, non à Alger ou à Marrakech, et nulle part dans le monde arabe. L'Arabe ne réagit pas aux atteintes à son vécu, il se soucie peu de vivre dans des sociétés toutes dictatoriales, qui seront, dans dix ans, des républiques héréditaires. Des milliers de morts en Irak, en Palestine ou au Liban ne suscitent pas un seul murmure dans cette «rue arabe», mais il suffit d'une caricature ou d'un propos malheureux du pape sur le Prophète pour faire descendre des millions de personnes dans la rue, prêtes à mourir. Quand on voit l'appareil mis en place par Al-Jezira dans l'affaire du pape, on se rend compte que c'est là qu'est l'opinion, et non chez les imams et les prêcheurs. Quand on montre en boucle l'image d'un gamin palestinien abattu par un soldat israélien, on peut être sûr que cela recrute cent ou mille islamistes par jour. Leur présentatrice vedette met-elle un jour le voile ? Aussitôt, 300 000 filles font de même. C'est une télévision très islamiste. Mais sous des dehors très démocratiques car elle a rendu lisible l'ennemi historique, Israël, qui était dans les limbes, en émettant depuis son territoire, en interviewant ses officiels et en faisant des revues de sa presse. Et, en même temps, Al-Jezira est devenu le minbar (la chaire de prédication) du monde arabe, voire l'institut de formation mondial des islamistes. La rue arabe n'existe pas, mais la rue de l'islam, la rue de Dieu, elle, existe, à travers la oumma virtuelle du Web. Et ces hommes ne se sacrifient pas pour défendre leur vie, mais pour défendre leur mythologie.
* Combien de fois n'entend-on pas au Proche-Orient : «Les juifs vont perdre parce qu'ils aiment trop la vie, nous, on va vaincre parce que nous n'avons pas peur de la mort» ? Il y a une étrange grandeur là-dedans, mais, en même temps, ce mépris de la mort...
* En islam les limites symboliques entre la vie et la mort sont ténues. On dit de la mort, «c'est la pièce d'à côté». Il existe une grande proximité, si ce n'est une intimité, entre la vie ici-bas et l'au-delà. Il est interdit, dans l'islam, de clôturer les cimetières pour qu'il n'y ait pas de barrière physique entre les vivants et les morts... Aujourd'hui, cette crise, cette «maladie» de l'islam réduit davantage la frontière entre les deux mondes. Au début du phénomène des kamikazes, les soldats israéliens retrouvaient certains d'entre eux avec le pubis rasé et le sexe bandé avec du musc et de l'ambre : ils étaient déjà de «l'autre côté». Ce que, nous, nous appelons «mort» est, pour eux, une forme de jouissance. Ce que nous percevons comme une explosion insoutenable est en fait un mariage céleste. Ce qui est tragique dans ce monde-là, c'est que progressivement on a privé la jeunesse de tout rêve de parole, de désir, d'amour, de liberté, pour ne lui laisser qu'une seule issue possible, une seule issue de secours : celle de la mort.
* La femme, convoitée et interdite à la fois : l'un des noeuds de cette crise ?
* Il se situe essentiellement autour de la femme et de la sexualité. Avec l'obsession de «l'honneur», du regard des autres sur «nos» femmes. Dans le langage des religieux, la femme est qualifiée de «Aouara», c'est-à-dire de «honte». Pour dire cette obsession, il faut souligner que la plupart des titres islamistes que l'on vend dans les rues du Caire ou de Rabat portent essentiellement là-dessus, on y trouve comment punir sa femme, comment maîtriser la créature de Satan, comment contrôler ses instincts, etc. Je suis interloqué d'entendre évoquer «la volupté du monde arabe», les Mille et Nuits, à chaque fois qu'il y a une crise ; de voir ces quelques penseurs qui nous ressortent les «délices» d'une civilisation qui a produit les harems, et le hammam, et «l'Orient». Ce n'est pas parce que quelques figures ont traversé quinze siècles d'obscurantisme, à cause de quelques moments privilégiés à Bagdad, Damas ou Cordoue, qu'on peut occulter ou, pis, magnifier toute cette histoire de lente décadence qui mène l'homme, aujourd'hui, à ce culte de la mort et à ce déni de l'amour. Tout comme il fonctionne sur une foi aveugle dans les textes, l'islamisme peut-être également perçu comme l'émanation et l'expression d'une profonde misère sexuelle collective. La femme réelle est voilée, occultée, interdite, déclarée par la plupart des pays comme mineure pour mieux exalter les «vierges du Paradis». Comme si tout ce qui est vivant faisait de l'ombre à Allah !
* Comment des intellectuels arabes parlent-ils à «leur» communauté et ont-ils prise sur elle ?
* Toute l'histoire de l'islam et du monde arabe est l'histoire de la mise à l'écart, si ce n'est de la mise à mort des intellectuels. Depuis la décapitation de l'inventeur de la prose, Ibn Al Muqaffa, au VIIIe siècle, en passant par le martyre de Hallaj au IXe siècle, jusqu'à l'assassinat de Farag Foda ou de Gibran ou de Samir Kassir. Tout intellectuel qui ne parle pas au nom du Prince ou, mieux, de Dieu est suspect. Quiconque dit à la communauté, non pas ses rêves et ses fantasmes, mais ses vérités est taxé ipso facto de «mécréant» et de «traître». Pour dire cette misère de l'intellect, il suffit de rappeler que les funérailles de Naguib Mahfouz n'ont réuni que deux cents personnes, alors qu'un prêche de n'importe quel obscur imam draine des milliers de gens.
* Vous et vos pairs prêchez donc dans le désert ?
* Sans doute par amour du désert ! Nous ne parlons qu'à nous-mêmes et nous n'espérons même pas qu'une voix monte de ce désert.
Mohamed Kacimi est né en 1955 à El Hamel (Algérie) dans une famille de théologiens. En 1987, il publie son premier roman, le Mouchoir (l'Harmattan). Puis, avec Chantal Dagron, Arabe, vous avez dit arabe ? (Balland). Passionné par la Bible, il écrit, toujours avec Chantal Dagron, un essai sur l'imaginaire religieux, Naissance du désert (Balland) puis le Jour dernier, (Stock). Mohamed Kacimi a écrit aussi pour le théâtre : 1962, évocation des utopies et des rêves de l'enfance algérienne, la Confession d'Abraham (Gallimard, 2000). Pour la Comédie-Française, il conçoit Présences de Kateb et l'adaptation de Nedjma de Kateb Yacine. Dernier ouvrage paru : Terre sainte, (l'Avant Scèn

lundi 7 septembre 2009

Et qu'est-ce que dans le monde on ne corrompt point tous les jours? Il n'y a chose si innocente où les hommes ne puissent porter du crime, point d'art si salutaire dont ils ne soient capables de renverser les intentions, rien de si bon en soi qu'ils ne puissent tourner à de mauvais usages. La médecine est un art profitable, et chacun la révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons; et cependant il y a eu des temps où elle s'est rendue odieuse, et souvent on en a fait un art d'empoisonner les hommes. La philosophie est un présent du Ciel; elle nous a été donnée pour porter nos esprits à la connaissance d'un Dieu par la contemplation des merveilles de la nature; et pourtant on n'ignore pas que souvent on l'a détournée de son emploi, et qu'on l'a occupée publiquement à soutenir l'impiété. Les choses même les plus saintes ne sont point à couvert de la corruption des hommes; et nous voyons des scélérats qui, tous les jours, abusent de la piété, et la font servir méchamment aux crimes les plus grands. Mais on ne laisse pas pour cela de faire les distinctions qu'il est besoin de faire. On n'enveloppe point dans une fausse conséquence la bonté des choses que l'on corrompt, avec la malice des corrupteurs. On sépare toujours le mauvais usage d'avec l'intention de l'art; et comme on ne s'avise point de défendre la médecine pour avoir été bannie de Rome, ni la philosophie pour avoir été condamnée publiquement dans Athènes, on ne doit point aussi vouloir interdire la comédie pour avoir été censurée en de certains temps. Cette censure a eu ses raisons, qui ne subsistent point ici. Elle s'est renfermée dans ce qu'elle a pu voir; et nous ne devons point la tirer des bornes qu'elle s'est données, l'étendre plus loin qu'il ne faut, et lui faire embrasser l'innocent avec le coupable. La comédie qu'elle a eu dessein d'attaquer n'est point du tout la comédie que nous voulons défendre. Il se faut bien garder de confondre celle-là avec celle-ci. Ce sont deux personnes de qui les mœurs sont tout à fait opposées. Elles n'ont aucun rapport l'une avec l'autre que la ressemblance du nom; et ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu'il y a eu une Olympe qui a été une débauchée. De semblables arrêts, sans doute, feraient un grand désordre dans le monde. Il n'y aurait rien par-là qui ne fût condamné; et, puisque l'on ne garde point cette rigueur à tant de choses dont on abuse tous les jours, on doit bien faire la même grâce à la comédie, et approuver les pièces de théâtre où l'on verra régner l'instruction et l'honnêteté.

samedi 23 mai 2009

Aujourd'hui, ça boude.

Ou bien il est fatigué... je ne sais pas mais c'est agaçant.

jeudi 21 mai 2009

Un film d'Almodovar présenté à Cannes

Etreintes brisées

(Los abrazos rotos)
De Pedro Almodóvar
Avec Penélope Cruz, Blanca Portillo

Dans l'obscurité, un homme écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture, dans lequel il n'a pas seulement perdu la vue mais où est morte Lena, la femme de sa vie.
Cet homme a deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême, sous lequel il vit et signe les films qu'il dirige. Après l'accident, Mateo Blanco devient son pseudonyme, Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus diriger de films, il préfère survivre avec l'idée que Mateo Blanco est mort avec Lena, la femme qu'il aimait, dans l'accident.
Désormais, Harry Caine vit grâce aux scénarios qu'il écrit et à l'aide de son ancienne et fidèle directrice de production, Judit García, et du fils de celle-ci, Diego. Depuis qu'il a décidé de vivre et de raconter des histoires, Harry est un aveugle très actif et attractif qui a développé tous ses autres sens pour jouir de la vie, sur fond d'ironie et dans une amnésie qu'il a volontairement choisie ou, plus exactement, qu'il s'est imposé. Il a effacé de sa biographie tout ce qui est arrivé quatorze ans auparavant. Il n'en parle plus, il ne pose plus de questions ; le monde a eu vite fait d'oublier Mateo Blanco et il est lui-même le premier à ne pas désirer le ressusciter...
Une histoire d'amour fou, dominée par la fatalité, la jalousie et la trahison. Une histoire dont l'image la plus éloquente est la photo de Mateo et Lena, déchirée en mille morceaux.

vendredi 8 mai 2009

Droite et guache

Après la deuxième guerre mondiale, le discrédit a été jeté sur la droite française : coupable de collaboration, de pétainisme, selon la mémoire de l'époque. Les gaullistes et les communistes ont cherché, pour des raisons différentes, à faire porter le responsabilité de Vichy sur la droite. En effet, les gaullistes avaient besoin des communistes pour asseoir leur légimité, et les communistes voulait jouer le rôle du parti de la Résistance pour faire oublier sa collaboration lors du pacte germano-soviétique.
Du coup, cette entente gaullo-communiste a lourdement imprégné notre conscience collective et la droite elle-même a intégré, en elle-même, cette responsabilit", alors que son comportement entre 1940 et 1944 ne fut pas plus coupable que celui de la gauche.
Mais le temps a passé. la droite qui se revendique décomplexée n'est plus pétrifiée par les incantations qui la décrivent comme fasciste et pétainiste. Nicolas Sarkozy et son équipe ne sont pas sensibles à ces références d'un autre âge. Du coup, la gauche n'a plus d'armes intellectuelles contre le droite et se trouve démunie. C'en est fini de l'idée que Vichy a été une faute dont les coupables doivent payer.
Selon cet article de Thierry Wolton, une droite forte génèrent une gauche réformatrice : c'est ce qui s'est passé en Angleterre, en Espagne, en Italie. le recentrage réalisé par Ségolène Royal n'a pas paru sincère, car trop brusque, mais elle aura plus de temps pour construire un parti réformateur et social face à la droite. Du moins espérons le, car pour l'instant elle n'a guère été convaincante.

D'après un article de Thierry Wolton.

jeudi 7 mai 2009

pénible

Avec lui, ce qui est fort déplaisant c'est sa façon de n'être surpris par rien; A tel point que je ne lui ai pas parlé de l'histoire de l'employé de TF1. Un type écrit un mail à son député, le mail va de la boite mail du député jusqu'au ministère de l'intérieur puis redescend à TF1 où bosse le type, et si je lui dis, il va le ver un sourcil et me dire : "tu t'attendais à quoi?" comme s'il me fallait être naïve de trouver ça choquant.

dimanche 3 mai 2009

Grippe

On ne sait plus où on en est. ça diminue ou ça augmente?

samedi 25 avril 2009

Sarko indigestion

j'en suis venu à penser dernièrement que Sarko, par l'opposition irraisonnée qu'il suscite, me devient sympathique. Incroyable ! Fou ! Je ne l'aurais jamais cru.

Un fois constaté qu'il était bling bling, vulgaire et attché aux apparences, et qu'il le montrait, ne pourrait-on pas passer à une crique de sa politique qui se passe pas par une critique externe de ses faits et gestes, mais internes de faits concrets? Or, si c'est à peu près ce qui se passe dans les journaux, le petit monde des blogs bascule dans la connerie improductive.

Je connais des Sarkozystes plus ou moins forcenés ; les "fans" aberrants de Sarko, ceux qui l'encense,c ar il y en a, sont choque de cette critique systématique qui n'est pas celle d'une politique, mais d'une personne ; du coup, cela sollicite, en revers, leur réaction épidermique : donc la critique stupide attire et attise l'enthousiasme débridé. Lamentable.

dimanche 19 avril 2009

Sarkozy : marre des premiers de la classe en politique

Ce que Sarkozy a dit : article de El pais


Nicolas Sarkozy est un personnage fort éloigné de la majestueuse distance gallicane à laquelle les chefs d'état français nous ont habitués, et ce, non pas seulement depuis Charles De Gaulle, mais depuis Pépin le Bref. Mais le président de la Vème république, boulimique de paroles, semble avoir toujours la même attitude d'extrême désinvolture.

Et ainsi, comme dans une conversation privée entre haut dignitaires poiltiques français, Nicolas Sarkozy aurait dit que José Luis Rodríguez Zapatero était "peut-être pas très intelligent", ce que certains journaux espagnols ont considéré comme un faux pas, et tous comme une impardonnable légèreté.

Pour savoir exactement ce qui s'est dit il aurait fallu être là bas, et même l'obstination dans l'erreur du journal parisien qui a laché cette bombe ne nous parait pas suffisant pour en tirer une solide conclusion. mMis ce que Sarko, à la lumière de la plus élémentaire herméneutique, nous semble beaucoup plus élmogieux que critique ; à tel point point qu'il n'aurait pas fallu que l'Elysée s'empresse de démùentir tant de désinvolture.

Ce que le leader gauliste a voulu dire, c'est que le monde est plein de grands esprits, d'érudits, de premiers de la classe, qui se sont montrés incapables de gagner des élections, au contraire du président du gouvernement espagnol, aux ambitions moindres. Et en parlant ainsi, Sarkozy se réfère aux collectionneurs de diplômes de son propre pays, à gauche, qui le regardent avec suffisance, mais qu'il a irrésistiblement battu aux élections. Il fait aussi allusion à sa propre victoire électorale, comparée à celle de Zapatero.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faille s'extasier devant la moindre initiative du président français, ni qu'il doive servir de modèle au chef du gouvernement espagnol, visiblement plus austère de comportement et sobre de paroles.

Mais quiconque aura vu les images de la rencontre Sarkozy-Zapatero à paris ou à Madrid devrait être fort distrait pour ne pas percevoir l'exceptionelle entente qui règne entre eux. C'est pourquoi il faut croire que ce n'est pas sans raison que le président français a cité le nom de son homologue espagnol.

mardi 14 avril 2009

Une rixe à Paris

Un garçon de 17 ans est mort et deux autres jeunes ont été grièvement blessés mardi vers 4 heures du matin aux abords de la gare de Lyon dans le 12e arrondissement de Paris lors d'une bagarre entre deux bandes de Seine-Saint-Denis et de l'Essonne. Appelés pour ces problèmes à l'angle de la rue de Bercy et du boulevard Diderot, les policiers ont découvert trois jeunes grièvement blessés par arme blanche, dont un mineur, originaire de Seine-Saint-Denis, décédé sur place malgré l'intervention des secours alertés vers 03 h 56.

Les forces de l'ordre ont arrêtés quatre jeunes majeurs habitant l'Essonne qui ont mis en garde à vue dans les locaux de la 2e division de police judiciaire en charge de l'enquête. Il pourrait s'agir d'une rencontre fortuite entre les deux petits groupes, venus l'un d'Aulnay-sous-Bois et l'autre d'Athis-Mons, qui erraient dans les rues de la capitale, selon une source proche de l'enquête.

jeudi 26 mars 2009

Fin

Vindicte

deux

Si

Proust

223. Il en est du sommeil comme de la perception du monde extérieur. Il suffit d'une modification dans nos habitudes pour le rendre poétique, il suffit qu'en nous déshabillant nous nous soyons endormi sans le vouloir sur notre lit, pour que les dimensions du sommeil soient changées et sa beauté sentie. On s'éveille, on voit quatre heures à sa montre, ce n'est que quatre heures du matin, mais nous croyons que toute la journée s'est écoulée, tant ce sommeil de quelques minutes et que nous n'avions pas cherché nous a paru descendu du ciel, en vertu de quelque droit divin, énorme et plein comme le globe d'or d'un empereur. [GI 102]

Proust

155. Quand notre maîtresse est vivante, une grande partie des pensées qui forment ce que nous appelons notre amour nous viennent pendant les heures où elle n'est pas à côté de nous. Ainsi l'on prend l'habitude d'avoir pour objet de sa rêverie un être absent, et qui, même s'il ne le reste que quelques heures, pendant ces heures-là n'est qu'un souvenir. Aussi la mort ne change-t-elle pas grand-chose. [AD 149]

160. En amour, il est plus facile de renoncer à un sentiment que de perdre une habitude. [P 427]

Proust

91. Une des jeunes filles que je connaissais se mit au piano, et Andrée demanda à Albertine de valser avec elle. Heureux, dans ce petit casino, de penser que j'allais rester avec ces jeunes filles, je fis remarquer à Cottard comme elles dansaient bien. Mais lui, du point de vue spécial du médecin, et avec une mauvaise éducation qui ne tenait pas compte de ce que je connaissais ces jeunes filles, à qui il avait pourtant dû me voir dire bonjour, me répondit :"Oui, mais les parents sont bien imprudents qui laissent leurs filles prendre de pareilles habitudes. Je ne permettrais certainement pas aux miennes de venir ici. Sont-elles jolies au moins? Je ne distingue pas leurs traits. Tenez, regardez, ajouta-t-il en me montrant Albertine et Andrée qui valsaient lentement, serrées l'une contre l'autre, j'ai oublié mon lorgnon et je ne vois pas bien, mais elles sont certainement au comble de la jouissance. On ne sait pas assez que c'est surtout par les seins que les femmes l'éprouvent. Et, voyez, les leurs se touchent complètement." [SG 224]

Proust

82. Ce qui est dangereux et procréateur de souffrances dans l'amour, ce n'est pas la femme elle-même, c'est sa présence de tous les jours, la curiosité de ce qu'elle fait à tous moments; ce n'est pas la femme, c'est l'habitude. [TR 411]

Proust

72. L'obscurité qui baigne toute chose comme un élément nouveau a pour effet, irrésistiblement tentateur pour certaines personnes, de supprimer le premier stade du plaisir et de nous faire entrer de plain-pied dans un domaine de caresses où l'on accède d'habitude qu'après quelque temps. [TR 182]

Proust

39. Or les souvenirs d'amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l'habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c'est justement ce que nous avons oublié (parce que c'était insignifiant, et que nous lui avons ainsi laissé toute sa force). C'est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur de renfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée, partout où nous retrouvons de nous--mêmes ce que notre intelligence, n'en ayant pas l'emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore. [JF 264]

Proust

2. L'influence anesthésique de l'habitude ayant cessé, je me mettais à penser, à sentir, choses si tristes. [S 19]

Proust

223. Il en est du sommeil comme de la perception du monde extérieur. Il suffit d'une modification dans nos habitudes pour le rendre poétique, il suffit qu'en nous déshabillant nous nous soyons endormi sans le vouloir sur notre lit, pour que les dimensions du sommeil soient changées et sa beauté sentie. On s'éveille, on voit quatre heures à sa montre, ce n'est que quatre heures du matin, mais nous croyons que toute la journée s'est écoulée, tant ce sommeil de quelques minutes et que nous n'avions pas cherché nous a paru descendu du ciel, en vertu de quelque droit divin, énorme et plein comme le globe d'or d'un empereur. [GI 102]

Proust

123. La beauté des images est logée à l'arrière des choses, celle des idées à l'avant. De sorte que la première cesse de nous émerveiller quand on les a atteintes, mais qu'on ne comprend la seconde que quand on les a dépassées. [TR 302 ]

130. Un plan incliné rapproche assez vite le désir de la jouissance pour que la seule beauté apparaisse déjà comme un consentement. [GI 222]


Proust

109. On a dit que la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté. [P 165]

Proust

49. Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté naît de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent. [AD 40]

Proust

38. Je ressentis devant elle ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur. [JF 279]

Proust

35. Le bonheur, la possession de la beauté, ne sont pas des choses inaccessibles et nous avons fait œuvre inutile en y renonçant à jamais. [JF 182]

Proust

28. Les beautés qu'on découvre le plus tôt sont aussi celles dont on se fatigue le plus vite. [JF 128]

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